Bézoard

Sommaire : Définition du bézoardÉtymologie du bézoardFormation du bézoardVertus du bézoardContrefaçons et imitations du bézoard

Définition du bézoard

Concrétion pierreuse se formant dans les voies digestives de divers animaux, notamment des ruminants, réputée autrefois comme médicament.

Étymologie du bézoard

Son nom fait allusion à ses vertus occultes. Du chaldéen bel, maître, et zaar, venin, ou du persan bi, privé de, sans, et de zarar, dommage, lésion.

Formation du bézoard

Pierre de béozard

Chèvre d'Asie

Le bézoard oriental qui provenait notamment des environs de la ville de Lar en Perse, est produit par la chèvre d'Asie (Capra ibex œgagrus) lorsqu'elle mange certaines herbes, d'où le nom d'aegagropile qui est parfois donné au bézoard.

Naissance d'une concrétion

La concrétion prend naissance sur un bol alimentaire formé d'un mélange de poils et d'herbes, puis s'accroît par couches concentriques successives, notamment de whitlockite, un phosphate de calcium associé à des oxalates de calcium (whewhellite, weddelite). La nature de l'alimentation (donc du sol où se trouve la chèvre) influe évidemment sur la formation et le développement du bézoard.

Chah 'Abbas

« Chah 'Abbas I" (1571-1629) les estimait tant qu'il fit poster des gardes à Stabarum [près de Lar], pour se rendre maistre de toutes les pierres de bézoard qui excédaient une certaine grosseur » (Pierre de Rosnel, 1667).

Calculs digestifs

Ces « calculs digestifs » peuvent en effet atteindre la grosseur d'un œuf d'oie et sont alors susceptibles d'entraîner la mort de l'animal. Généralement, ces pierres sont évacuées auparavant par le caprine qui en souffre. D'autres caprines produisent également des bézoards, lorsque leur alimentation est propice, notamment en Inde (côte de Coromandel) et au Pérou (bézoard occidental).

Vertus du bézoard

Le bézoard était considéré comme souverain contre toutes sortes de poisons et de maladies infectieuses, contre les vers, l'épilepsie, etc. Des recherches récentes ont montré que les phosphates de calcium des bézoards joints à la kératine des poils pouvait effectivement neutraliser l'action des sels d'arsenic (arséniates et arsénites), si bien que le bézoard se comporte comme une sorte d'épongé vis-à-vis des poisons arséniqués, les plus couramment utilisés autrefois (telle la « petite eau de Naples »). Il n'a bien sûr aucun effet sur les poisons mercuriels, ni sur les maladies, d'où certaines déceptions possibles.

Diverses concrétions digestives animales, telles la pierre de porc, la pierre de Malacca, la pierre du lézard, la pierre des palumbelles, la pierre de crapaud, etc., étaient appréciées au Moyen Age à l'égal des bézoards.

Au bézoard au sens strict, il est encore possible d'assimiler les boules de poils ou de plumes que régurgitent certains prédateurs, tels les hiboux, et la plupart des ruminants, comme la vache. Lorsque, au début de ce siècle, un fermier trouvait une telle boule dans la litière de ses vaches, il y voyait un sort qui aurait été jeté, et il faisait alors exorciser son troupeau. Diverses autres concrétions animales sont encore renommées, comme les calculs intestinaux du cheval toujours utilisés au début du XXe siècle dans la région de Philadelphie (États-Unis) comme antidote de la rage et des morsures de chiens enragés.

Contrefaçons et imitations du bézoard

Diverses contrefaçons de bézoard ont été réalisées au cours du Moyen Age. La détermination de l'authenticité de la pierre était alors très importante, les fausses n'ayant évidemment aucune des vertus de la vraie, « que l'on dict que les Indois sçavent si exactement imiter » (A. Boèce de Boot, 1609).