Améthyste

DÉFINITION DE L’AMÉTHYSTE

DÉFINITION DE L'AMÉTHYSTE


Quartz violet, diaphane (améthyste gemme) à translucide (racine d'améthyste).

 

ÉTYMOLOGIE ET ÉSOTÉRISME DE L'AMÉTHYSTE


 Du grec a, privatif, et methustês, ivrogne, c'est-à-dire qui n'est pas ivrogne. En effet, dans une coupe de couleur violette, l'eau apparaît de la couleur du vin, et celui qui boit dans une telle coupe semble boire du vin, ce qui, évidemment, lui permet de ne pas s'enivrer.

 

VERTUS DE L'AMÉTHYSTE


La vertu attribuée à l'améthyste de protéger de l'ivresse est illustrée par la légende transposant la célébration des mystères dionysiaques à Eleusis en bacchanales orgiaques à Rome.

 

LÉGENDES LIÉES À L'AMÉTHYSTE


Après de nombreuses libations, Bacchus, dieu du Vin, croisa le chemin de la fort jolie nymphe Améthyste qui se rendait au temple de Diane. Il la poursuivit et la pressa tant que celle-ci, effrayée de ne pouvoir échapper aux assiduités de Bacchus, appela Diane à son secours. Répondant à son appel, Diane métamorphosa Améthyste en un pur et froid cristal dans les bras de Bacchus. Celui-ci, furieux et vexé, versa sa coupe de vin sur ce cristal qui prit une couleur violette. Alors dégrisé, Bacchus lui donna le pouvoir de préserver de l'ivresse ceux qui le porteraient.

Cette légende rend compte de l'aspect habituel des cristaux d'améthyste, dont seule la terminaison pyramidale est généralement teintée : c'est un excellent exemple de l'enseignement ésotérique donné à quelques initiés.

 

SYMBOLE DE L'AMÉTHYSTE


Alliant le bleu du ciel au rouge du sang (du Christ ou des martyrs), l'améthyste est devenue, à partir de la Renaissance, une pierre épiscopale, symbole d'humilité ; elle ornait les croix de l'Inquisition.

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES DE L'AMÉTHYSTE


La couleur s'étend du violet rougeâtre au violet bleuâtre en passant par des tons franchement pourpres. D'intensité très variable, elle est souvent disposée en bandes parallèles aux faces terminales du cristal. Fréquemment, la pyramide terminale seule est colorée, le reste du cristal étant incolore ou enfumé. L'art du lapidaire consiste à faire apparaître homogène le ton de la pierre taillée en plaçant correctement la couleur.

 

COULEUR DE L'AMÉTHYSTE


La distribution de la couleur dans une pierre facettée s'observe facilement quand on l'immerge dans de l'eau contenue dans un récipient de porcelaine non vernissée. Elle semble liée aux macles polygénétiques qui affectent le minéral ; elle est d'autre part attribuée au fer (toujours présent dans une proportion de quelques dix-millièmes), avec un mécanisme faisant intervenir un électron célibataire d'un ion fer quadrivalent (stable uniquement à basse température dans l'environnement quartz), substituant du silicium de la maille quartz, associé à un ion fer interstitiel. Aussi l'améthyste contient-elle souvent en inclusions, d'une part, des décollements à l'aspect de peau de zèbre révélant des tensions liées aux macles, parfois emplis d'anhydride carbonique, et, d'autre part, des cristaux de goethite et d'hématite en forme de fibres rougeâtres irrégulières, de lames, etc.

Le dichroïsme de l'améthyste est le plus souvent assez net, le rayon ordinaire portant un ton rouge violacé et le rayon extraordinaire un ton violet bleuâtre.

La couleur de l'améthyste n'est stable que jusque vers 250 °C. La plupart des améthystes se décolorent au-delà. (Cela arrive si l'améthyste d'un bijou n'est pas protégée de la chaleur lors d'une réparation, ou si le bijou tombe dans un feu de bois.) Vers 500 °C, l'améthyste décolorée devient jaune citrine. Si la température est encore élevée, une nouvelle décoloration se produit précédant, vers 600 °C, l'apparition d'eau inframicroscopique (agrégat d'hydroxyles toujours présents dans le quartz), qui rend le quartz trouble (girasol), puis laiteux (ce procédé est utilisé pour produire des imitations de pierre de lune).

 

TRAITEMENT THERMIQUE DE L'AMÉTHYSTE


Le traitement thermique des améthystes est très largement pratiqué (notamment au Brésil) pour obtenir des citrines. Il a été remarqué que la réaction des améthystes à la chaleur variait d'un gisement à l'autre : celles de Madagascar se décolorent sans jaunir, celles de Montezuma (Brésil) verdissent, d'autres jaunissent sans passer par un stade incolore. Tout cela indique que des mécanismes différents de celui évoqué ci-dessus, encore mal élucidés, doivent intervenir lors de l'absorption lumineuse.

Si le centre chromogène de l'améthyste n'est pas détruit de manière irréversible par une chauffe dépassant 450° C, les améthystes décolorées ou devenues citrines peuvent généralement reprendre leur couleur initiale par irradiation, qui régénère le fer quadrivalent.

Les autres propriétés physiques sont celles du quartz.


 

 

GISEMENTS D’AMÉTHYSTE

BRÉSIL


 Les conditions de gisements de l'améthyste sont très variées. Elle est très répandue dans les géodes des basaltes de l'Uruguay ou du Rio Grande do Sul, au Brésil. Elle y cristallise tardivement à basse température, de 75 °C à 195 °C, garnissant de cristaux les cavités de roches volcaniques pauvres en silice. Les principaux gisements sont ceux d'Irai Lageado, d'où provient une grande partie de la production brésilienne, et de Palmeiras.

De beaux cristaux sont exploités en divers points de l'État de Bahia, en particulier à la Grota do Coxo près de Jacobina située à environ 200 km au nord-ouest de Salvador. Le gîte, encaissé dans des quartzites, connu depuis une cinquantaine d'années, comporte des géodes, d'un diamètre parfois supérieur au mètre, presque toujours isolées, constituées de cristaux d'améthyste en épais placages remplissant les cavités d'un énorme chaos de quartzites. Les cristaux, dont la couleur varie du violet un peu rouge au violet noir, peuvent atteindre 30 cm dans leur plus grande dimension. Les parties gemmes permettent la taille de pierres facettées d'une centaine de carats.

Dans la région de Vitôria de Conquista, un certain nombre de gisements sont encaissés dans les gneiss ou les quartzites, en particulier les mines de la Fazenda Joamina da Coruia, Baixinha et surtout Montezuma, dont les cristaux, devenus verts après chauffage vers 650 °C, sont alors" présentés sous le nom de péridine, mais n'ont pas trouvé à ce jour de marché favorable.

Les grands cristaux du gisement alluvionnaire de Brejinho das Ametistas, près de Caetité, permettent d'obtenir des pierres facettées de grande taille. Abondante, la production brésilienne a provoqué une chute des cours ; l'améthyste de bonne qualité est devenue presque commune depuis la fin du XIXe siècle. Vers 1980, un énorme gisement a été découvert dans le Para (Pau d'Arco) près de Marala ; la couleur et la qualité sont exceptionnelles.

 

 

FRANCE


L'améthyste est connue dans le massif du Mont-Blanc (glacier des Améthystes), dans les Vosges (lac des Corbeaux), mais c'est surtout en Auvergne, d'où elle fut exportée en Espagne, qu'elle fut exploitée, du XVIIIe siècle à nos jours, de manière sporadique, àVernet-la-Varenne, Pégut (sud du Puy-de-Dôme), dans des filons de quartz plus ou moins améthystes parcourant le granité.

Ces derniers, de un à plusieurs mètres d'épaisseur, d'une longueur pouvant dépasser le kilomètre, sont composés de quartz blanc, ne devenant améthyste que dans les parties amincies du filon (environ 10 cm). Ces gisements, exploités par J. Demarty au début du siècle, employaient une vingtaine d'ouvriers ; l'installation d'une taillerie dans un vieux moulin de la gorge de la Tiretaine près de Royat fut à l'origine de la Taillerie de Royat qui popularisa les améthystes d'Auvergne, et dont l'exploitation ne put être maintenue en raison de la concurrence des améthystes brésiliennes.

 

 

AUTRES PROVENANCES


Autrefois, c'était surtout les géodes de basaltes du Deccan (Inde) qui fournissaient l'améthyste. Par la suite, d'autres gîtes de faible importance (Erzgebirge en Bohême, Idar-Oberstein dans le Palatinat) furent de petits producteurs.

Au XVIIIe siècle, c'est de Russie (Murzinka, Oural) que provenaient la majeure partie des améthystes extraites de filons encaissés dans le granité. D'un violet rougeàtre très soutenu devenant plus rouge à la lumière des chandelles, elles étaient particulièrement appréciées.

De belles améthystes sont connues au Mexique (Etats de Guanajuato,Veracruz, Guerrero, etc.) et aux Etats-Unis (Maine, Caroline du Nord, Californie, Colorado, Connecticut, Rhode Island, Nevada). Les pegmatites* de Madagascar ont longtemps fourni de belles gemmes, de même que l'Uruguay (Artigas). La Namibie, la Tanzanie, le Malawi, le Laos, le Sri Lanka, le Tadjikistan, l'Afghanistan, la Corée, etc., ont aussi de belles améthystes.

En Zambie, des gisements d'améthyste fortement colorée ont été mis en évidence à la fin des années 80.

 

 


 

AMÉTHYSTES CÉLÈBRES


L'améthyste était rare dans l'Antiquité et elle ne devint commune qu'après la découverte des importants gisements du Brésil et de l'Uruguay au début du XXe siècle.

Une assez grosse améthyste taillée en forme de globe orne le sceptre royal d'Angleterre. La Smithsonian Institution à Washington expose une améthyste pourpre du Brésil pesant 1 362 carats ; au British Muséum se trouvent une améthyste du Brésil de 343 carats et deux améthystes de Russie, l'une, hexagonale, de 90 carats et l'autre de 75 carats, de forme ronde.

De grands cristaux pouvant atteindre plusieurs kilogrammes ont été rencontrés dans les pegmatites du Brésil ; des cristaux pesant plus de 50 kg sont connus ; toujours translucides et givrés, parsemés de zones laiteuses*, ils servent à sculpter des statuettes et sont nommés quartz améthystins.

 

TRAITEMENT ET SYNTHÈSE DES AMÉTHYSTES


Des améthystes ont été traitées par emplissage de leurs fissures au moyen de polymères (époxy-esters), afin de leur donner un aspect propre.

Des améthystes synthétiques sont fabriquées en Russie depuis 1975 par voie hydrothermale.Très propres, fortement dichroïques, ces améthystes sont largement commercialisées. Leur couleur est stable jusqu'à 500 °C à la différence des améthystes naturelles ; elles ont un spectre d'absorption infrarouge caractéristique. Le germe sur lequel elles se sont développées est parfois visible dans les échantillons les plus grands.

GEMMES D'ASPECT SIMILAIRE AUX AMÉTHYSTES


Les améthystes mauve pâle peuvent évoquer des gemmes rosâtres comme la morganite et la kunzite. Toutes les gemmes violacées peuvent faire penser à l'améthyste et ont probablement été confondues sous ce nom dans l'Antiquité : ce sont notamment le saphir violet, le spinelle mauve, le grenat almandin, la cordiérite, la fluorite violette. Le zircon violet et la tourmaline violette sont d'un emploi plus récent. Un peu d'attention suffit à différencier ces gemmes par leurs propriétés optiques franchement différentes.

 

IMITATIONS D'AMÉTHYSTE


Dès le XVIe siècle, des doublets quartz-verre violet-quartz étaient fabriqués pour imiter l'améthyste. Actuellement, les imitations d'améthyste sont surtout des verres violets et des corindons synthétiques violets. Des morceaux d'améthyste noyés dans du verre constituent l'une des dernières imitations.