Perles de Pinna et d'Atrina

Pinna nobilis

Perle d'AtrinaJambonneau de mer

Les pinnes sont de très grands bivalves, dont l'un, la Pinna nobilis, est un coquillage caractéristique de la Méditerranée. On l'appelle aussi la grande nacre de Méditerranée ou jambonneau de mer. Elle a pu atteindre un mètre de long, mais plus guère de ces grands individus ne se rencontrent encore de nos jours : l'espèce est en danger. La Pinna nobilis adhère au sol marin par des filaments de byssus, des fibres sécrétées par certains mollusques bivalves.

Histoire des pinnes

Du temps des Phéniciens et des Romains, le byssus des pinnes était récolté et tissé pour donner ce qu'on appelait la « soie de mer ». Les étoffes faites de soie marine ou de toiles d'araignée sont probablement les plus extraordinaires tissus portés par l'homme.

En fait, la soie de mer était un tissu réservé aux empereurs de Rome. Une tombe de la basilique de Saint-Denis, aux portes de Paris, a livré une coiffe en soie marine, destinée probablement à un roi carolingien.

De nos jours, il existe moins de cinq personnes qui savent traiter le byssus du jambonneau à partir de stocks existants. Le sous-produit de l'exploitation de la grande nacre de Méditerranée était non seulement le byssus mais aussi les perles.

Couleur des coquillages

Elles sont souvent d'une couleur orange, à l'instar de la coquille. Cette dernière est très fragile. Elle est très riche en conchyoline, qui se déshydrate facilement, et elle présente simultanément les deux structures de carbonate de calcium, la calcite et l'aragonite.

Perles de pinna

Les perles sont à l'image de cette composition : riches en conchyoline, tantôt en aragonite, et tantôt en calcite. Parfois, certaines perles présentent les deux phases simultanément. L'instabilité qui résulte de la forte proportion de conchyoline provoque de nombreuses craquelures dans la coquille, qu'on retrouve aussi dans les perles.

Ce ne sont donc pas des perles aisément commercialisables. On a longtemps prétendu que les perles des Romains pouvaient essentiellement être issues des pinnes, mais cette hypothèse n'est pas soutenable : les perles, qui atteignent rarement les 5 mm, se fendent en quelques dizaines d'années.

Atrina vexillum

L'équivalent philippin de la Pinna nobilis est l'Atrina vexillum, coquillage de noir à aubergine. La couleur en transparence va du pourpre sombre au noir.

Perles d'Atrina

Les perles d'Atrina, comme celles des pinnes, sont souvent craquelées. Il nous a été donné d'observer le collier de perles d'un maharajah indien, collier auquel il accordait le plus grand prix et qu'il sortit de son coffre comme un chevalier aurait porté le Graal : « C'est un collier de perles naturelles d'huîtres noires », nous confia-t-il.

En fait, il s'agissait de perles d'Atrina, toutes fortement endommagées. Le collier pouvait être difficilement porté car les perles se seraient brisées au moindre choc. Ce fut le cœur du souverain qui se brisa à l'énoncé de notre diagnostic.

Dimension et forme des perles d'Atrina

Les perles d'Atrina peuvent former une masse atteignant les cinq centimètres (voir : Dimension des perles). Lorsque les perles sont sphériques et d'une teneur raisonnable en conchyoline, elles peuvent alors donner des perles dignes d'être portées. Mais cela est très rare.


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