Pêche, exploitation, ostréiculture et gisements des perles de Tahiti
Les perles de Tahiti et leurs gisements
Archipels du Pacifique Sud
Les gisements perliers de la Polynésie Française , comme ceux des autres îles du Pacifique Cenral et du Sud (Australie comprise) ont été exploitées lors de l'épuisement des traditionnelles régions perlières (golfe Persique, golfe de Mannar, mer Rouge).
Les archipels des Tuamotu et Gambier ont été, après les côtes australiennes, les plus importantes sources pour l'industrie qui employait la nacre comme matière première jusqu'aux années 1940-1950.
Pinctada margaritifera cumingi
L'huître aux lèvres noires
L'espèce d'huître perlière qu'on trouve dans est région est la Pinctada margaritifera cumingi, connue aussi comme l'huître perlière black-lip (lèvres noires). Elle peut atteindre 20 ou 22cm de hauteur de coquille, mails elle n'est pas aussi lourde ni aussi épaisse que la Pinctada maxima.
La Pinctada margaritifera cumingi est distribuée dans la vaste région de l'Indo-Pacifique et vit associée aux récifs coralliens des zones tropicales et subtropicales.
En raison de sa large aire de distribution, cette espèce se trouve à différentes profondeurs selon les régions, depuis quelques mètres jusqu'à 60 ou 70m. Elle présente un grand nombre de variétés en tonalités et couleurs qui se distinguent principalement par leur origine géographique.
Néanmoins, à l'exception de la nacre perlière de la Polynésie française, la P. m. cumingi, dont la couleur gris sombre à noire de la nacre est unique dans cette région, les autres variétés sont, morphologiquement et du point de vue chromatique, très similaires entre elles.
La reconnaissance des perles de Tahiti
Perles aux couleurs sombres
Grâce à l'originalité de leurs couleurs sombres, les perles de Tahiti sont bien connues et identifiées sur le marché mondial. Avant le milieu du XIXe siècle, elles étaient les seules perles noires connues, excepté celles en provenance du golfe de Californie. Les perles de la reine Pomaré ont été les plus célèbres gemmes polynésiennes.
La pleine acceptation des perles noires est survenue grâce à la préférence que l'impératrice Eugénie avait pour elles, bien que déjà auparavant dans plusieurs autres familles royales, il y ait eu de célèbres perles noires comme dans le grand collier de Catherine la Grande (formé de 30 perles dont la plus petite pesait 3,9 grammes) et dans la couronne autrichienne composée de 30 perles noires.
Cook, Fidji, Gambier et Tuamotu
Les gisements riches
Les îles Cook et Fidji partageaient avec Tuamotu et les Gambier les riches gisements perliers de P. m. cumingi.
Par leur localisation, sans compter leur isolement, ces archipels sontpourtant soumis en permanence à la menace des cyclones ainsi que des tempêtes d'une grande puissance destructrice.
Certaines îles et atolls des Tuamotu sont favorisés par les plus abondants et les riches gisements perliers de la région.
Cet archipel est formé de 78 îles qui couvrent une superficie de 1000km de long et 800 de large.
Exploitation des perles de Tahiti
Plongée en apnée
Les natifs ont toujours exploité les perles de Tahiti et ont développé une grande habileté pour la plongée en apnée, atteignant de grandes profondeurs, au-delà de 20m. Les polynésiens récoltent les perles de Tahiti, cela donne ensuite de magnifiques bijoux.
Même si cela semble évident aujourd'hui, notons que les pêcheries à grande échelle se sont développées surtout après 1860, principalement à cause de la beauté et de la pureté de la nacre. Les perles (avant l'avènement de la perliculture entre 1960 et 1965) n'étaient qu'un produit secondaire malgré leur grande beauté, parce qu'elles étaient extrêmement rares.
Il fallait ouvrir entre 15 000 et 20 000 huîtres perlières pour trouver une perle. Tahiti est depuis devenu un centre perlier de la plus grande importance. Même si ses côtes ne possèdent pas de gisements perliers, le plus grand port commercial de l'Océanie Française se trouve à Tahiti et de nombreuses personnes vivent du commerce de la nacre ainsi que des perles de Tahiti.
En 1955, dans les atolls des Tuamotu, les plongeurs collectaient jusqu'à 100 tonnes d'huîtres en trois mois seulement dans un tiers du lagon de Hikueru. La nacre était employée jusqu'à cette époque dans l'industrie des incrustations dans le bois et des boutons.
Dans la décennie 1960-1970, l'exploitation des ressources perlières polynésiennes a radicalement changé grâce à la possibilité de contrôler la production des perles.
Soulignons un point unique concernant l'exploitation des huîtres perlières en Polynésie Française. C'est la seule région du monde où cette activté n'a jamais été interrompue. Ce fait original s'explique par plusieurs facteurs.
D'une part, l'exploitation à grande échelle des ressources perlières y a été assez tardif, ce qui amoindrit les dégâts de la surexploitation. Mais il est tout aussi important de souligner que, dès les premiers signes d'épuisements, des mesures assez efficaces ont été prises.
D'autre part, le remplacement de la pêche des huîtres perlières par leur culture et par la perliculture a permis que les revenus des activités perlières, indispensables pour l'économie locale, aient été constants.
Ostréiculture perlière
Propagation et sauvegarde des huîtres
Il est important de noter que l'ostréiculture perlière a permis la sauvegarde et la propagation des huîtres perlières menacées de disparition et que la perliculture a transformé l'offre polynésienne passant de la nacre aux perles de culture. D'ailleurs, ce changement était indispensable à cause du remplacement de la nacre par des produits plastiques et chimiques équivalents.
Néanmoins, la perliculture dans cette région ne concerne pas une zone aussi vaste que celle concernée autrefois par la pêche des huîtres perlières. Les fermes perlières étaient établies uniquement dans quelques atolls des Tuamotu, et plus récemment dans les îles Cook, bien que dans plusieurs autres îles de la région des recherches et des expériences pour développer les techniques de culture de la nacre et des perles fussent en cours.
Aperçu de la couleur et de la taille des perles de Tahiti p. m. cumingi
Les perles de Tahiti de l'espèce P. m. cumingi sont généralement de couleur à dominante gris sombre, avec des tonalités plus claires et souvent rougeâtres en fonction de la région où les fermes sont placées et de la variété que l'in y cultive. La taille moyenne de ces perles est de 12 à 18 mm de diamètre, rarement plus.
Pêche traditionnelle des perles de Tahiti
Îles Tuamotu
Les natifs des îles Tuamotu étaient sans doute les plongeurs les plus habiles du monde. Grâce à la transparence des eaux, ils pouvaient repérer les huîtres avec une longue-vue d'eau jusqu'à 24m de profondeur.
Après avoir respiré profondément pendant plusieurs minutes, ils sautaient du bord de l'embarcation et arrivaient au fond en nageant sans aucune aide. Pour retourner à la surface, ils prenaient leur élan en poussant des pieds contre le fond. Les huîtres ramassées étaient plaçées dans un sac qu'ils portaient au cou.
Au début du XIXe siècle, la pêche en Polynésie Française se faisaint par simple ramassage des coquilles avec de l'eau jusqu'à la taille. Chaque homme pouvait ramasser quelques centaines de kilos d'huîtres par jour. Au fur et à mesure de leur raréfaction, l'expoitation a atteint de plus grandes profondeurs, jusqu'à la limite de la plongée en apnée.
Vers 1920, à la vie dangereuse et misérable des pêcheurs, il fallait ajouter l'exploitation des trafiquants qui arrivaient à bord de goélettes pour troquer des produits alimentaires et autres (farine, rhum, quelques pièces d'étoffe), contre les nacres et les perles. Le trafiquant obtenait facilement une demi-tonne de nacre qui valait cent fois plus que sa marchandise d'échange.
Les plongeurs allaient d'une île à l'autre et avaient pour tout matériel un poids de plomb et un morceau de pierre. La plongée en apnée était un des métiers les plus durs. Elle provoquait des saignements aux tympans, des troubles oculaires et du système nerveux. Il y avait aussi le risque de paralysies partielles du visage ou d'hémiplégies. Le niveau de vie des plongeurs et de leurs familles était extrêmement précaire. Comme dans le golfe Persique, les pêcheurs ont toujours refusé de se servir du scaphandre.
La pêche des perles de Tahiti se faisait avec des pirogues à balancier sur lesquelles deux plongeurs travaillaient de façon classique. Mais, à la différence d'autres régions, ils recherchaient eux-mêmes les perles, nettoyaient les coquilles et vendaient le tout aux négociants (généralement chinois) et partageaient par moitié le fruit des ventes.
Les progrès techniques ont permis d'améliorer l'efficiacité des plongeurs. L'introduction des lunettes de plongée vers 1906, les accessoires en caoutchouc à partir de 1940, tels que les masques, palmes et tubas ont augmenté leur aisance sous l'eau ainsi que leur vision et leur mobilité.
Perliculture en Polynésie Française
Aquaculture perlière
L'industrie perlière en Polynésie Française est d'une importance comparable à celle de l'Australie en ce qui concerne la valeur globale des exportations de perles cultivées.
L'industrie perlière polynésienne a pour base l'aquaculture perlière, ce qui assure la protection des ressources naturelles et a permis la consitution d'un riche stock d'huîtres perlières.
Un moteur économique
La perliculture a une très grande importance dans l'économie régionale. Depuis 1981, les magnifiques perles noires produites dans les lagons des archipels polynésiens occupent la première place des exportations du territoire.
Méthodes de production perlière
Les premiers essais de grefface ont été tentés entre 1916 et 1935, mais ils n'ont pas eu de suite. En 1961, des techniciens japonais ont fait, à Bora-Bora et Hikueru, des expériences qui ont été couronnées de succès 2 années plus tard. À partir de ce moment, les fermes ont commencé à s'établir. La place pionnière ayant été occupée par une ferme à Manihi (aux Tuamotu) appartenant à Aubert et Jacques Rosenthal.
Ainsi à partir de 1969, les essais de perliculture se sont développés et ont amené la création de fermes et de coopératives qui demandaient un nombre croissant d'huîtres à greffer. Les résultats de l'élevage n'étaient toutefois pas suffisants. W. Reed mis alors l'accent sur l'élevage et le collectage d'huîtres et il s'est avéré que cette expérience fut un succès.
En 1971, la collecte de la nacre destinée à l'exportation a été interdite afin de préserver l'industrie perlière. En 1972, ont lieu les premières exportations. Dès 1978, de nouvelles fermes coopératives se sont groupés autour du GIE (Groupement d'Intérêt Économique) Poe Rava Nui. Dans les années 1980, l'application des techniques pour la collecte des naissains, faite par le Département de Pêcheries et Mizuno, apportait un nouvel élan au développement de la perliculture, de telle sorte que, depuis 1983, les perles cultivées représentent le premier produit d'exportation de la Polynésie Française. Mais les techniques de greffage sont toujours restées le privilège d'une main-d'oeuvre hautement qualitifée et exclusivement japonaise.
Comme au Japon, la production de perles de tahiti en Polynésie Française comprend l'aquaculture perlière et la perliculture. L'élevage des huîtres perlières est réalisé sur des radeaux flottants, depuis la collecte des naissains jusqu'au grossissement, lorsque les huîtres ont atteint l'âge adulte de trois ans, convenable pour le greffage.
Les noyaux employés dans la production perlière polynésienne ont un diamètre qui varie entre 6 et 9mm et proviennent de coquilles de mollusques du Mississippi et des ses affluents. Après l'opération de greffage, les huîtres perlières sont remises dans l'eau où elles engendrent leurs perles pendant une période allant de 18 à 24 mois.
Hasards, risques et challenges liés à la perliculture polynésienne
Durant cette période, plusieurs incidents peuvent empêcher l'obtention de gemmes. Au moment de la récolte, sur 100 huîtres perlières greffées, 40 perles sont obtenues.
Détail des 40 perles obtenues sur 100 huîtres greffées |
3 (soit 7.5%) seront sans aucune valeur |
6 (soit 15%) sphériques et semi-sphériques |
20 (soit 50%) semi-baroques |
11 (soit 27.5%) seront baroques |
La taille moyenne des perles polynésiennes varie entre 9 et 10mm de diamètre. Dans le cas d'expulsion du noyau, les huîtres peuvent être opérées à nouveau et en recevoir un autre. Au cas où elles conserveraient le greffon, un kechi pourra se former.
Ouitre ces problèmes, l'industrie perlière polynésienne doit affronter beaucoup d'autres obstacles, tels que la mortalité massive des huîtres et la pollution de l'eau de mer, à cause du développement d'autres activités économiques, notamment le tourisme et le Centre d'Expérimentation Atomique à Manutea.
Il y a aussi le manque d'huître perlières à greffer dans de bonnes conditions de santé. Pour résoudre ces problèmes, dans les îles les plus isolées, l'administration territoriale a encouragé le développement de l'aquaculture perlière auprès des entrepreneurs locaux individuels ou groupés en coopératives.
L'approche de l'aquaculture perlière en tant que moyen pour appuyer le développement économique date du début des années 1960, lorsque le gouvernement polynésien a encouragé dans des laboratoires et des fermes la recherche dans ce domaine. La perliculture est une activité qui demande de forts investissements et qui, malgré les larges bénéfices qui en sont obtenues, implique de gros risques de perte. Elle demande, en général, une grande et profonde attention des spécialistes dans divers domaines : Biologie, administration, commerce, bijouterie, etc...
Succès et difficultés de jean-Claude Brouillet
Ainsi, par exemple à Marueta, où Jean-Claude Brouillet possède l'une des plus importantes fermes des Tuamotu, l'isolement, qui est un avantage pour la culture, est un désavantage pour l'administration de l'entreprise et fait augmenter les coûts de production.
L'approvisionnement général pour les 35 personnes qui y travaillent doit être apporté, ce qui coûte 1,5 million de dollars par an.
En outre, il doit affronter le problème de la destruction provoquée par les ouragans qui peuvent causer de graves pertes dans les installations terrestres et marines, réduisant à néant des années de travail et plusieurs millions de dollars investis.
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