Formation des perles Blister

Les tribulations d'un coquillage

Mécanismes de formation d'une perle blister

Formation d'une perle blister au sein d'un coquillageLa vie d'un coquillage n'est pas de tout repos. À l'image des chevaliers engoncés dans leur armure, les coquillages, assiégés par des prédateurs, ont leurs points faibles qui permettent à des attaquants d'y pénétrer et de les tuer.

Cette brèche est en premier lieu l'ouverture naturelle du coquillage. La plupart des mollusques ont développé toutefois un système de fermeture tellement sophistiqué et étanche que l'agresseur n'a plus qu'à perforer la coquille pour se délecter des chairs internes tendres.

L'intrusion par ouverture du coquillage et la perforation sont les principaux mécanismes de la formation d'une perle blister (en français, perle ampoule). Le coquillage agressé développe alors un mécanisme de défense, qui consiste à produire de la coquille pour englober l'intrus, ou encore à épaissir l'endroit où débouche le trou perforé par l'agresseur.

Définition d'une perle blister

Une perle blister est donc une excroissance sur l'intérieur de la coquille, que forme un mollusque en réaction à la présence ou à l'agression d'un intrus. Si l'intrus est un perforateur, le coquillage crée une protubérance qui va compliquer la tâche du foreur, voire l'enkyster s'il parvient à traverser la coquille.

Observation des perles blister

Perles blisterL'observation des perles blister est fascinante. Aux rayons X, on peut y reconnaître parfois l'intrus. On peut parfois en deviner la nature, rien qu'en observant la capsule de coquille qui les recouvre.Les perforateurs sont souvent des éponges et des vers mais aussi des mollusques foreurs, bivalves ou gastéropodes. Les éponges dégagent un acide qui attaque la coquille, lentement mais sûrement.

L'intrusion d'un envahisseur (poisson, ver, crabe...) par les lèvres d'un bivalve a souvent pour résultat que l'animal se trouve piégé entre le manteau et la coquille, ce qui est la situation idéale pour l'encapsuler dans de la matière coquillière.

Si l'intrus n'est pas piégé sous le manteau, il se retrouve alors dans la cavité du mollusque, d'où il peut être éjecté par des mouvements d'eau sous pression que créent beaucoup de coquillages, en particulier ceux qui se nourrissent en filtrant l'eau. C'est la raison pour laquelle on ne trouve pas de grains de sable dans les perles : un grain de sable est très facilement éjecté par un coquillage.

Il semblerait que le coquillage qui piège un intrus entre la coquille et le manteau le recouvre d'abord de conchyoline, beaucoup plus facile à sécréter en quantité que le carbonate de calcium, dont la production est bien plus dévoreuse d'énergie.

L'intrus, pris dans cette « mélasse », finit étouffé. Il est alors lentement recouvert de matière coquillière et est soudé petit à petit à la coquille où se forme une boursouflure. Lorsqu'on découvre certains bivalves dont l'intérieur paraît couvert d'une sorte de furoncles, on peut imaginer l'intensité des attaques dont ils ont été l'objet.

Aux origines des perles blister

Chine

Le principe de la formation des perles blister a été compris par les Chinois il y a au moins six siècles. Ces premiers cultivateurs de perles avaient imaginé de placer des formes de Bouddhas de cire ou confectionnées dans du cuivre ou du plomb entre le manteau et la coquille de moules nacrières d'eau douce.

Au bout d'une année, on pouvait récolter les Bouddhas recouverts de nacre, qu'on découpait dans la coquille. Dans les années 1950, on a introduit un profil bien connu, qui produisait au final des petits Mao de nacre !

Nouvelle-Zélande

Le principe naturel de la formation des perles blister a aussi été reproduit dans certaines huîtres (Pteria penguiri) et dans les ormeaux de Nouvelle-Zélande. L'intrus placé entre le manteau et la coquille est en général un demi-dôme en plastique qui se recouvre ainsi de nacre.

Après la récolte, on taille la coquille pour en extraire une demi-perle qui sera ensuite intégrée dans un bijou. La capsule de plastique est souvent retirée, et le vide comblé par une matière solide.


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