Diamants et imitations

Verre incolore

Il n'est réellement possible de parler d'imitation de diamant qu'au moment où le port de cette gemme se répand, c'est-à-dire à partir de la Renaissance. À cette époque, ce sont les « crystalliers » qui fabriquèrent et taillèrent du verre incolore (dit alors cristal, sous-entendu fabriqué, du fait de sa ressemblance avec le quartz incolore, toujours précisé « cristal de roche »).

Utilisation du plomb

De sensibles améliorations de la recette de la pâte de verre, notamment l'introduction de sels de plomb, qui en augmentent l'éclat, interviennent au XVIIIe siècle avec le chimiste strasbourgeois Georges Frédéric Stras (1700-1773), dont le nom, germanisé en strass, désigne désormais les verres au plomb utilisés en bijouterie fantaisie.

Un nouveau progrès est réalisé au XIXe siècle, avec l'utilisation d'un réflecteur, enduit brillant ou bille de plomb, fixé sur la culasse des strass taillés, qui sont alors nommés similidiamants ou similis, et peuvent être très convaincants en serti clos et fermé.

Grenat verre incolore

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, apparaissent des doublets grenat-verre incolore, dont la lamelle de grenat destinée à durcir la table est si fine que sa couleur n'est pas perceptible de face.

Cristaux synthétiques

C'est à partir des années 1930 que des cristaux synthétiques sont employés en guise de diamant en bijouterie fantaisie : Corindons synthétiques et spinelles synthétiques incolores, obtenus par procédé Verneuil, commencent alors à être utilisés et le sont toujours aujourd'hui. Ces imitations sont résistantes à la rayure, mais ont un aspect creux dû à leur faible éclat. Leurs feux sont également inexistants. Le spinelle synthétique, malgré un éclat et une dureté légèrement inférieurs, est toutefois, par suite de son isotropie et de sa dispersion, un peu moins terne que le corindon synthétique. Taillées en octaèdres, ces matières ont parfois été présentées sur des gisements comme diamant brut à de naïfs touristes.

Également produits par le procédé Verneuil, le rutile synthétique (ou Titania), commercialisé à partir de 1948, et le titanate de strontium (ou Fabulite), apparu en 1953, ont eu à cette époque un certain succès par leur éclat similaire à celui du diamant, en dépit de leur faible dureté (de l'ordre de 6) et de leur trop forte dispersion qui provoque une totale décomposition de la lumière et non des feux agréables. Aussi fabrique-t-on également des doublets corindon synthétique-Fabulite et spinelle synthétique-Fabulite, plus convaincants que la Fabulite massive.

Cristal de grenat aluminium yttrium, YAG

Cristal de grenat aluminium yttrium dopé

C'est dans les années 1960 que le développement de l'industrie des lasers conduisit à la fabrication de cristaux artificiels ayant la structure minéralogique du grenat. Parmi ceux-ci, l'aluminate d'yttrium, dit YAG, utilisé dans l'industrie dopé au chrome, à l'erbium, etc., est incolore lorsqu'il ne contient pas d'éléments dopants.

Résistant à la rayure (dureté 8), d'un éclat vif (indice de réfraction 1,83) avec une dispersion moyenne (0,026), il fut rapidement employé en bijouterie à partir de 1969, notamment pour tailler des répliques de diamants importants tel le diamant poire de 69,42 carats d'Elisabeth Taylor.

Jusqu'en 1974, le YAG fut commercialisé en grande quantité sous diverses appellations, en dépit du creux produit par son éclat encore éloigné de celui du diamant. Il perd toute brillance s'il est placé dans un verre d'eau, il est assez peu réfringent pour laisser voir par la culasse une marque noire faite à l'encre sur sa table.

Divers cristaux synthétiques

Divers cristaux synthétiques ont été alors fabriqués pour tenter de concurrencer le YAG mais aucun n'eut de réel succès :

- Le GGG (gadolinate de gallium), plus vif et plus dur, jaunit sous les rayons ultraviolets solaires,
- Le Linobat (niobate de lithium)
- Le KTN (niobotantalate de potassium)

Ils sont malheureusement trop peu résistants à la rayure (dureté 5,5).

Oxyde de zirconium

Dans les années 1970, c'est l'industrie des réfractaires qui réalisa la cristallisation cubique de l'oxyde de zirconium stabilisé par des traces d'yttrium ou de calcium, à des températures de l'ordre de 2300 °C par la méthode dite « de l'autocreuset », permettant d'utiliser l'oxyde de zirconium fritte comme creuset pour contenir la partie fondue destinée à cristalliser

Avec un éclat proche de celui du diamant (indice de réfraction de 2,2), une dispersion élevée sans excès (0,06), une bonne résistance à la rayure dureté (8,5) et une réelle absence de couleur, l'oxyde de zirconium cubique ou CZ, que l'on devrait plutôt nommer zirkélite synthétique puisque la zirkélite naturelle existe, est actuellement l'imitation du diamant incolore la plus convaincante. Introduit en bijouterie vers 1974, il a rapidement supplanté le YAG et se vend sous de multiples noms commerciaux.

Gemmes d'aspect similaire aux diamants

Toute gemme incolore peut en théorie être utilisée en place de diamant incolore. Seules les plus courantes l'ont réellement été comme substituts.

Quartz (cristal de roche)

Le quartz (cristal de roche) qui accompagne le diamant dans ses gîtes alluvionnaires et qui, à l'état brut, présente avec ses formes cristallines, ou son aspect roulé, certaines similitudes avec les cristaux de diamants, fut appelé jeune diamant par les anciens lapidaires jurassiens. Lorsqu'il est limpide, taillé profond et serti* fermé, il peut faire illusion, tel le quartz d'Herkimer, dans l'État de New York.

Topaze incolore

La topaze incolore, vive et agréable, fut utilisée en place du diamant sous le nom fallacieux de diamant de Saxe.

Zircon incolore

Le zircon du Sud-Est asiatique (Cambodge et Sri Lanka), incolore par traitement thermique — qui, de ce fait, s'égrise facilement —, demeure cependant la pierre naturelle la plus employée pour remplacer le diamant, par suite de son éclat et malgré son allure morne liée à une matière d'aspect trouble.

Saphir incolore

Le saphir incolore du Sri Lanka est un substitut plus rarement utilisé.

Autres gemmes incolores

L'éclat adamantin de nombreuses gemmes de collection peut évoquer l'aspect du diamant de couleur fantaisie.

La blende (sphalérite), la cassitérite, le sphène sont toutefois des cristaux fragiles qu'il serait imprudent de monter sur bague, mais que de nombreux collectionneurs conservent en vitrine.

Les bijoux fantaisie du XIXe siècle ont souvent été ornés de pyrites taillées en rose (dites improprement marcassites) utilisées en entourage de montre ou de gemme usuelle, afin d'évoquer l'éclat du diamant.

... Sur le thème de l'imitation des gemmes, le lecteur intéressé peut également prendre connaissance du document intitulé : Imitations des perles


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