Diamant de Guinée
Introduction
La Guinée, sur la côte occidentale, produit des gemmes d'une qualité exceptionnelle et en grande quantité : la réserve de pierres est estimée à... 25 millions de carats ! Et pour ne citer qu'un exemple, en 1993, on a découvert une pierre de 234,96 carats ; elle mesurait neuf centimètres sur quatre et fut vendue plus de huit millions de dollars.
Diamant de Guinée
La région de Banankoro, au sud du pays, est peuplée par les Kourankos, des musulmans de l'ethnie des Malinkés. La ville du même nom compte une centaine de mosquées. Les hôtels, considérés comme des lieux de débauche, n'existent pas et les écoles publiques sont en dehors de la ville. Dans ce lieu qui voit passer en quantité la matière la plus chère du monde il n'y a ni électricité ni eau courante ni téléphone. Les militaires sont omniprésents dans les mines et dans toute la région.
Le diamant attisant la convoitise des voisins les plus proches, ils considèrent qu'ils sont en zone de guerre. La mine de diamant se déploie à ciel ouvert : une sorte de paysage lunaire couleur sable foncé. Après avoir creusé à plusieurs mètres en profondeur, la terre alluvionnaire riche en gemmes est transporté vers une zone de lavage ; la terre est déversée dans des tamis à la maille extrêmement fine.
L'œil expert du mineur permet d'éliminer presque immédiatement les pierres les plus grosses dénuées de valeur. Le mouvement rotatif imposé ensuite au tamis permet de concentrer les minéraux lourds dont font partie les diamants. Les grenats et olivines d'abord mis au jour sont considérées comme des indices de la présence de la pierre précieuse recherchée.
Sur son exploitation, le patron (« mastar », de l'anglais master) se fait représenter par un responsable qui surveille la découverte de chaque pierre. Les diamants trouvés lui sont aussitôt remis. Celui-ci les conserve dans un morceau de papier soigneusement plié avec le nom du propriétaire de la trouvaille, afin de pouvoir en discuter le prix ultérieurement. Une fois le lavage terminé, le contenu du tamis est déposé sur une surface plane pour être trié une dernière fois avec attention, toujours sous le regard du responsable. Les plus grosses pierres sont généralement sorties avant cette étape. La réfraction importante du diamant permet de repérer les gemmes au milieu du gravier plus terne.
Marché du diamant en Guinée
Le marché du diamant est relativement bien structuré en Guinée. Les diamantaires doivent payer une redevance et être accrédités par l'État qui joue un rôle de contrôle. De la mine aux comptoirs, un certain nombre de pierres empruntent des circuits non officiels pour éviter les taxes. Pour des raisons de sécurité, certains gros diamantaires guinéens ont leur comptoir à domicile : la capitale n'est pas sûre.
Le marché du diamant et son prix sont mondialement connus. Les marges des négociants de pierres brutes sont relativement faibles, mais elles représentent des sommes importantes au regard des quantités de pierres échangées.
Gabriel deToledo est l'un des rares Occidentaux à pratiquer le commerce du diamant en Guinée : « Mon métier, explique-t-il, est d'être négociant en diamants depuis 42 ans. Ici je suis connu parce que la parole, c'est la parole, et on m'appelle aussi monsieur Cash : je paye comptant. Je donne des prix qui sont tout près de ceux pratiqués à Anvers, avec une toute petite marge de bénéfice. C'est pour cela que j'ai beaucoup de clients. » Gabriel expédie régulièrement ses pierres en Europe. Avant tout envoi, les responsables des comptoirs doivent porter leurs pierres au bureau d'expertise national afin de payer une taxe à l'exportation de 3 % à l'État guinéen.
Acheter des diamants n'est pas simple, mais pose moins de problèmes que pour les autres pierres comme le saphir, le rubis ou l'émeraude. En effet, le prix est moins subjectif, la qualité du diamant étant extrêmement bien définie en fonction des impuretés qu'il peut contenir, de sa couleur et de sa taille. La société De Beers, qui régule la moitié de la production mondiale, a classé les diamants en 14 000 catégories ou « price points », selon leur poids, leur forme, leur éclat et leur couleur. Le prix indiqué est au carat. Le diamant industriel est de 40 à 1 000 fois moins cher que le diamant de joaillerie. Différents types de taille existent pour le diamant - pointe, table, rose, brillant, émeraude, carré, cœur, ovale, marquise, poire, etc. - mais la plus usitée est la taille brillant. Quelle que soit la taille choisie, elle constitue une des caractéristiques qui confère au diamant sa valeur.