La perle, connue depuis la haute antiquité en Orient et en Extrême Orient, y fut toujours appréciée : une grande valeur vénale lui était attribuée. En Chine, deux millénaires et demi avant notre ère, elle servait notamment à payer l’impôt. Pour les Hébreux, qui l’ont sans doute découverte lors de leur séjour en Egypte à partir du XVIIe siècle avant notre ére, elle était un symbole de cette richesse à laquelle le juste doit préférer la sagesse, ainsi que le déclarent les sentences inspirées de Salomon (Xe siècle avant JC) "Meilleure que les perles est la sagesse, et aucun joyau ne l’égale". les perles trouvées dans la tombe d’un prince ou d’une princesse achéménide et conservées au Louvre, semblent représenter la plus ancienne parure de bijou en perles actuellement connue. La perle n’a pénétré en Grêce qu’avec les conquêtes d’Alexandre le Grand et les pillages des trésors d’Egypte et de Perse (vers 330 av JC). En signe de distinction, les Athéniens la portaient à l’oreille droite, et les jeunes filles aux deux oreilles.

 

Après les victoires des légions en orient au IIe siècle Av JC, les romains transférèrent leur butin à Rome. Au triomphe de Pompée, un trophée de perles est offert à Jupiter Capitolin, et les riches romaines se mirent à dépenser des fortunes pour se parer de bijoux en perles: César lui même, aurait offert à Servilia, mère de Brutus, une perle de six millions de sesterces (somme considérable pour l’époque au vue des dépenses annuelles d’une famille pompéienne moyenne, environ 2500 sesterces… en tout état de cause, je ne saurai faire la conversion en euros…).

 

Ces dépenses somptuaires, vivement critiquées, n’en continuèrent pas moins. A l’époque impériale, pour se distinguer des péripapéticiennes qui exhibaient une seule grosse perle à l’oreille, les matronnes des classes dirigeantes portaient des boucles d’oreilles constituées de deux à trois perles poires, qui tintaient en se heurtant au rythme de leur marche, d’où le nom de crotale donné à ces bijoux.

 

Après une période d’oubli due aux grandes invasions, la perle est de nouveau à l’honneur au temps de la Renaissance; Les parures de bijoux en perles des Ducs de Bougogne Philippe II et Charles le Téméraire éblouirent leurs contemporains. Ce furent aussi les découvertes de nouvelles routes commerciales et de nouvelles contrées où la perle était connue et appréciée qui favorisèrent son importation en grandes quantités.

 

Du Pérou au Mexique, les Espagnols trouvèrent de nombreuses parures de bijoux et des trésors de perles qu’ils s’approprièrent, tel celui de Moctezuma à Tenochtitlàn (Mexico actuelle). Les soldats espagnols obligèrent si rudement les indigènes à pêcher les perles (sur les côtes de l’actuel Vénézuela notamment) que les missionnaires jésuites durent intervenir à édicter des règlements. A Ceylan, Sri Lanka, les Portugais exigeaient un tribut en perles dès 1506. Et les perles furent l’objet de spoliations et de spéculations: Elisabeth Ire d’Angleterre s’appropria les perles que Marie Stuart avait reçues de Catherine de Medicis.

 

Geogibus de Calais, un négociant à qui Philippe IV, roi d’Espagne de 1611 à 1655, demandait devant une perle noire de 126 carats dite depuis l’Incomparable, qui luiétait proposée: "Comment avez vous pu mettre toute votre fortune dans une si petite chose?", lui aurait répondu,:"Sire, je savais qu’il y avait au monde un roi d’Espagne pour me l’acheter", et Philippe l’aurait acheté pour 80 000 ducats.

 

Tous les trésors royaux recelaient des perles: le trésor de perles de la Couronne de France estimé d’après l’inventaire de 1791 à un million de francs (franc germinal) comportait entre autres un perle estimée 200 000 francs…

 

Au XIXe siècle, les perles étaient à la mode dans le monde entier, aussi bien dans la Russie du tsar Alexandre II que dans l’Angleterre de la reine Victoria; du 12 au 13 mai 1887, la République mit aux enchères les bijoux de la Couronne de France: le montant de la vente des perles atteignit 12 161 000 francs (francs d’or) et nombre d’entre elles partirent pour les Etats Unis.