Perliculture marine

Principe de la perliculture marine

Ferme de perliculture en merLa technique Mise-Nishikawa n'a guère variée depuis les essais réalisés à grande échelle par les deux Japonais.

Elle repose sur le constat suivant :  

Un fragment de manteau qui produit la nacre de l'huître possède la capacité de demeurer vivant et de produire de la nacre même s'il est découpé et déplacé.

L'idée est donc d'introduire volontairement le greffon, un fragment de trois millimètres de côté environ, à l'intérieur de la cavité viscérale d'une huître, pour qu'une perle puisse se développer librement, sans adhérer à la coquille.

C'est exactement le principe de la formation de la perle naturelle.

Formation de la perle naturelle

Ferme perlière en Polynésie FrançaiseLa formation de la perle naturelle se caractérise essentiellement par :

♦ Le déplacement de cellules du manteau, ici provoqué par l'homme avec la mise en place du greffon.
♦ Le deuxième élément de l'invention est l'introduction dans cette même cavité viscérale d'une bille taillée dans la nacre, le noyau (nucléus dans la terminologie perlière).

Rôle du noyau

Le noyau a deux rôles :

♦ Induire la sphéricité de la future perle,
♦ Gagner du temps en partant d'un diamètre qui est déjà de plusieurs millimètres.

Il faudrait trop d'années à l'huître perlière pour produire une perle par un pur dépôt de nacre. Enfin, les inventeurs ont déterminé que la place idéale pour pratiquer la greffe se situe dans la gonade de l'huître, une sorte d'organe complexe qui offre tous les avantages.

Avantages de la gonade de l'huître

♦ Ne pas être vital pour l'huître,
♦ Être dans la partie la plus grande de la cavité viscérale de la coquille,
♦ Être accessible au scalpel et constituer naturellement une sorte de poche protectrice

Greffe d'une huître

Greffe d'une huîtreOpération chirurgicale

Les perles naturelles ne se forment pas dans cet organe. Il faut bien se rendre compte que la greffe d'une huître est une véritable opération chirurgicale, avec tout ce que cela implique :

♦ Procédé intrusif qui blesse l'huître, animal hémophile et fragile,
♦ Il y a un temps de préparation et un temps de récupération, comme pour n'importe quel opéré,
♦ Il y a un risque de rejet, à la fois du greffon et du noyau,
♦ Il y a un risque d'infection (d'où l'usage de désinfectant et la nécessité de disposer d'installations parfaitement entretenues).

Donneur et receveur

Comme pour toute greffe, il y a un donneur et un receveur.

Le donneur

Le donneur est choisi parmi des huîtres que l'on sacrifie. Dès qu'une huître montre une très belle qualité de nacre, elle est sélectionnée. On découpe des lanières dans le bord du manteau, et ces lanières sont elles-mêmes découpées en petits carrés. Ce sont les greffons. S'ils sont arrosés régulièrement d'eau de mer, ces greffons peuvent survivre jusqu'à deux heures.

Le receveur

Le receveur est choisi pour sa capacité à résister à l'opération. Ce doit être une huître adulte, apparemment en pleine forme, capable de supporter l'opération. C'est le greffon de l'huître donneuse qui va déterminer la qualité de la perle. Le fragment d'un manteau d'huître à lèvre dorée greffé dans une huître à nacre blanche donnera une perle dorée ! Si l'huître donneuse fixe la qualité de la nacre, c'est l'huître receveuse qui gère le dépôt en quantité et en rapidité.

Il s'agit donc bien d'un processus d'interaction mutuelle donneur-receveur, où chacun des deux individus joue son rôle.

Talent du greffeur

Greffeur japonaisLe talent du greffeur se mesure à sa capacité à réussir l'opération, et à choisir l'huître donneuse susceptible de provoquer le meilleur dépôt de nacre.

L'opération se déroule en plusieurs temps :

Préparation des huîtres

Les receveurs sont préparés afin de réduire leur métabolisme. Dans les mers tempérées, on les place en profondeur, où l'eau est plus froide. Dans les mers équatoriales ou tropicales, où il y a très peu de variations de température, on les place sur le fond ou on les enveloppe dans une toile fine afin de réduire leur nourriture. En effet, les huîtres sont dépendantes du plancton photosensible. Ces techniques permettent de réduire la quantité de plancton nourricier accessible aux huîtres perlières. qui vont baisser leur métabolisme pour compenser la baisse de nourriture.

Greffeur polynésienLivraison des huîtres à la ferme

On introduit une cale entre les deux valves à l'aide d'un écarteur, pour que l'huître se maintienne entrouverte, sans déchirer le muscle.

Préparation des greffons

La préparation des greffons, après avoir sélectionné des huîtres donneuses pour la qualité de leur nacre et du manteau.

Opération de greffage

Le greffeur pratique une incision dans la gonade, qu'il repère en écartant les organes environnants. Avec un outil spécialement conçu, le greffeur introduit l'élément clé, le greffon de 3 x 3 mm. Le greffeur doit faire attention à repérer l'orientation de son greffon. Les cellules productrices de nacre sont en effet sur la face externe du manteau, au contact de la coquille. Ensuite, avec un outil spécial, le greffeur choisit un noyau, dont le diamètre varie selon la taille de l'huître, qu'il pose au contact de la couche externe du greffon. La cale est retirée, l'huître se ferme. Toute l'opération dure à peine une minute pour un greffeur expérimenté. On peut pratiquer l'opération dans l'autre sens : d'abord le noyau, puis le greffon.

Repos de l'huître dans un bain d'eau de mer

Ce repos permet à l'huître de se remette du choc opératoire. En pratique, l'incision est cicatrisée au bout de quelques jours.

Production de la perle

Ferme de culture de perles en merLe processus extraordinaire de production de la perle se met en route.

Multiplication des cellules épithéliales

Les cellules épithéliales du greffon qui sont au contact du noyau se multiplient dans toutes les directions et tapissent rapidement toute la cavité créée par le coup de scalpel.

Formation du sac perlier

Le greffon recouvre aussi par voie de conséquence l'intégralité de la bille. C'est la formation, en moins de deux semaines, du sac perlier, un kyste qui secrète de la nacre pour en recouvrir le noyau. Dans ce sac perlier, la perle bouge, tourne. C'est un corps étranger que l'huître tente de rendre le moins gênant possible. Ses contractions internes vont favoriser la formation d'une perle sphérique.

Transfert des huîtres au large

Après leur repos postopératoire au bord de la ferme les huîtres sont transférées au large. Elles sont maintenues dans l'eau de mer de diverses manières.

♦ La méthode la plus simple consiste à faire un petit trou dans la coquille près de la charnière et d'y faire passer un fil de nylon. Les huîtres sont ensuite fixées le long d'un câble à l'aide de ce fil de nylon en une sorte de chapelet. Les câbles sont suspendus à l'aide de flotteurs.

♦ Une autre méthode consiste à placer les huîtres dans des supports grillagés, eux-mêmes suspendus à des câbles portés par des flotteurs. Une ferme comme celle d'Atlas South Sea Pearl à Bali pratique sur ce site l'essentiel du travail à haute valeur technique : la croissance des huîtres et la greffe.

Transfert des huîtres vers des fermes de croissance

Après le repos, les huîtres sont transportées par bateau dans des fermes de croissance, en Papouasie, où la qualité de l'eau et des nutriments sont exceptionnels et la main-d'œuvre pour le nettoyage très peu chère. La mortalité durant le transport est quasi nulle.

Mortalité des huîtres greffées

Mortalité des huîtresEn général, la mortalité des huîtres greffées dans les fermes varie selon l'espèce et surtout la compétence technique de l'équipe en charge des multiples opérations.

Huîtres des perles Akoya du Japon

En moyenne, dans les huîtres Akoya au Japon, la mortalité est de 10 à 20%, et la rétention de la greffe (la bille est souvent rejetée) est supérieure à 40%.

Huîtres de perles de Tahiti

En Polynésie, la mortalité monte à 30%, et la rétention de la greffe est de l'ordre de 60%.

Huîtres des perles d'Australie

C'est indiscutablement la Pinctada maxima qui offre les meilleurs scores, avec une mortalité souvent inférieure à 10% et une rétention de la greffe entre 70 et 90%.

Perle Keshi

Perle baroque

Perles KeshiSi le noyau est rejeté, mais que le greffon reste en place, il se formera une perle baroque appelée « keshi ». Les keshis sont recherchées, et peuvent avoir de très belles formes. Elles sont très appréciées pour la confection de bijoux contemporains, qui offrent ainsi une alternative à la perle ronde.

Surgreffe

Cet intérêt nouveau a poussé des perliculteurs, en particulier les Indonésiens, à pratiquer une forme de greffe originale : dans leur Pinctada maxima, ils pratiquent une greffe nucléée classique, dans la gonade, mais en plus ils introduisent deux ou trois greffons seuls dans le manteau de l'huître.

Après la récolte, on récupère la perle de la gonade, et on ne touche pas les perles keshi en formation dans le manteau. On pratique une surgreffe dans la gonade, et l'huître retourne à l'eau.

Ainsi, à la seconde récolte d'une perle ronde, les keshis auront eu droit à quatre années de développement 

Imitations de perles naturelles

Ces perles keshi sont très proches des perles naturelles, et des commerçants malhonnêtes tentent de les vendre comme telles. Un examen aux rayons X permet toutefois de repérer la trace laissée par le greffon.

Qualité d'une bonne greffe perlière

Classiquement, pour maintenir la qualité, on pratique une greffe par huître. Certains sont allés jusqu'à cinq noyaux implantés, mais le taux de réussite et la qualité baissent considérablement. En principe, de nos jours, une huître marine produit une perle de culture. En revanche, certaines huîtres peuvent, en plus de l'introduction d'un noyau, être victimes d'une invasion naturelle et produire aussi des perles naturelles.

Paspaley

La maison Paspaley, qui possède les plus belles fermes d'Australie, a pu récupérer en quelques décennies plus d'une centaine de perles naturelles lors de la collecte des perles de culture.

Protection des huîtres greffées

Les huîtres greffées vivent dans des cages protectrices, qui empêchent autant que possible l'attaque des prédateurs. Ces derniers sont principalement les étoiles de mer et certains poissons croqueurs d'huîtres, ou encore des éponges. Malgré ces précautions, les huîtres sont envahies par une myriade de micro-organismes qui se développent sur les coquilles jusqu'à étouffer l'animal. Par conséquent, toutes les trois à six semaines, les huîtres sont nettoyées.

Temps de gestation et épaisseur de nacre

Selon l'épaisseur de nacre désirée et les espèces, les huîtres vont rester entre une et deux années dans l'eau, avant la récolte. Les perles de qualité doivent avoir une épaisseur de recouvrement du noyau d'au moins 0,35mm de nacre (huit mois à un an de culture pour les huîtres japonaises Akoya).

Des producteurs de qualité visent le double, au minimum. Les perles à moins de 0,8mm d'épaisseur de recouvrement sont jugées mauvaises pour les perles de Tahiti en Polynésie française. Seul l'examen aux rayons X permet de mesurer cette épaisseur.

Croissance de la nacre

Dans les faits, la croissance de la nacre est liée à de nombreux facteurs :

♦ L'espèce,
♦ La température de l'eau,
♦ Les particularités individuelles.

Atlas South Sea Pearl

Par exemple, la ferme Atlas South Sea Pearl à Bali a récolté une perle de 20mm de diamètre, qui a bénéficié du même temps de croissance (vingt-quatre mois) que les perles de la même récolte, qui variaient entre 10mm et 15mm. Il est évident qu'une telle huître sera immédiatement choyée pour entrer dans un programme de sélection génétique.

Surgreffe

Après la récolte, sauf pour les petites huîtres Akoya, les animaux ne sont pas sacrifiés. On peut réutiliser le sac perlier et y introduire un nouveau noyau, d'une taille au moins égale à la perle qui en a été sortie. La surgreffe ne nécessite pas l'implantation d'un nouveau greffon, car le sac perlier sécréteur de nacre est formé et il va reprendre son travail sitôt l'huître et son nouveau noyau remis à l'eau.

La surgreffe se pratique lorsque la perle extraite est de qualité et qu'on peut augurer de la fabrication d'une nouvelle et plus grosse perle de même niveau.

Avantages de la surgreffe

L'avantage du procédé est évidemment économique :

♦ Le même animal est réutilisé,
♦ Il a acquis une certaine résistance avec l'âge,
♦ Il a subi une première opération réussie,
♦ La perle, qui part d'un diamètre au moins égal à celui de la perle qui a été extraite, sera donc plus grande que la première.

Inconvénients de la surgreffe

♦ Les perles issues d'une surgreffe ont toutefois moins d'éclat,
♦ La deuxième greffe n'est généralement appliquée qu'aux grandes huîtres : les Pinctada maxima et Pinctada margaritifera.

Utilisations des huîtres après la surgreffe

Ces huîtres peuvent exceptionnellement être greffées une troisième fois et parfois une quatrième fois. L'animal est finalement sacrifié. Le muscle adducteur de ces grandes pintadines est la seule partie de la chair récupérable. Il est consommé grillé, et fait penser, en très ferme, à une noix de coquille Saint-Jacques. Quant aux coquilles, elles sont vendues aux ateliers de transformation de la nacre pour d'innombrables usages : souvenirs, bijouterie fantaisie, marqueterie, ou poudre cosmétique.

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