Composition et structure des perles : Perles nacrées, perles porcelainées

COMPOSITION DES PERLESCOMPOSITION DES PERLES

COMPOSITION DES PERLES

 

Les perles ne sont pas faites d'une matière homogène. On y trouve au moins trois composants :

- Des cristaux de carbonate de calcium pour environ 90 à 92%,
- De la conchyoline pour environ 4 à 5%,
- Et enfin de l'eau pour environ 4 à 5%.

Ces proportions varient d'une espèce de mollusque à l'autre. Les perles les plus fragiles, comme celles de la Pinna nobilis, contiennent beaucoup plus d'eau (plus de 15%). Une fois la perle sortie de la mer, l'évaporation des molécules d'eau internes provoque un effondrement de la structure de la perle qui se désagrège progressivement.

Cela est tout particulièrement vrai pour les perles noires de Vatrina vexillum, le jambonneau de mer des Philippines. Enfin, la perle contient des protéines organiques à l'origine des couleurs. Les couleurs des perles, en particulier les perles noires de Tahiti, n'ont rien à voir avec des sels minéraux issus des volcans sous les atolls, contrairement à ce qu'on lit souvent.

 

PERLES NACRÉES

Le carbonate de calcium est un minéral commun (principal constituant des marbres, par exemple) qui cristallise sous deux formes, comme déjà annoncé plus haut : la calcite et l'aragonite. La plupart des perles sont faites d'aragonite. La calcite apparaît cependant fréquemment sous forme de cristaux fibreux, à l'intérieur des perles nacrées. L'aragonite des perles et des coquilles cristallise de deux manières : des cristaux plats à section plus ou moins hexagonale, et des prismes en aiguilles.

Ces deux formes engendrent des effets lumineux très différents et donnent des perles soit nacrées, soit « porcelainées ». Ce qu'on appelle communément la nacre est la matière coquillière et perlière faite d'aragonite en plaquettes polygonales. Lorsque la lumière traverse les couches supérieures de ces plaquettes d'aragonite elle se décompose puis est renvoyée vers l'extérieur, ce qui produit les effets d'interférences lumineuses donnant les irisations recherchées de la nacre.

 

PERLES PORCELAINÉES

Les perles composées d'aragonite en aiguilles ne sont pas nacrées. On les dit porcelainées, car elles ressemblent plus à de la porcelaine, mate ou brillante. Les perles porcelainées, comme les superbes perles de Melo ou les perles roses du lambi des Caraïbes (Strombus gigas), présentent des effets lumineux très différents de la nacre alors qu'elles sont aussi en aragonite.

La lumière se propage en effet le long des prismes allongés d'aragonite provoquant de très beaux effets dits de « flammes ». Il s'agit plus précisément d'un phénomène de diffusion de la lumière qui varie selon l'orientation des faisceaux d'aiguilles. Nous consacrons ici quelques pages d'illustrations pour expliquer ce phénomène étudié par le professeur Henry Hànni, gemmologue de l'Institut suisse de gemmologie.

 

IDÉE REÇUE SUR L'APPELATION DU MOT PERLE

Il faut ici enterrer une idée reçue qu'on lit beaucoup sur les sites Internet et dans les livres : il est dit que seules les perles nacrées doivent être appelées « perles », alors que les autres ne peuvent être appelées que « concrétions ». Toutes les concrétions produites par des mollusques à coquilles sont des perles, qu'elles soient nacrées ou pas. Elles ont toutes la même composition et résultent toutes des mêmes principes de formation.

Seuls l'aspect extérieur et la manière dont réagit la lumière sont différents, ce qui ne justifie pas de les différencier les unes des autres dans la nomenclature. Le Gemological Institute of America a du reste banni récemment la différenciation entre les perles (nacrées) et les concrétions (non nacrées). Quand on voit la splendeur d'une perle de Melo, on constate que cette distinction montée de toutes pièces par les lobbies de vendeurs de perles nacrées est parfaitement injustifiée.

 

STRUCTURE DE LA PERLE

Pour les commerçants, joailliers et consommateurs, la seule chose perceptible dans une perle est sa couche extérieure. Pour les perles nacrées, cette couche doit être faite de la plus belle nacre possible. Cela signifie que les plaquettes d'aragonite doivent être régulièrement agencées, sans lacunes ni défauts. Il est difficile de se représenter l'intérieur de la perle, et l'on ignore ce qu'elle nous cache.

 

RAYONS X ET SCIAGES

Seuls les examens aux rayons X et les sciages permettent de se faire une idée de la structure de la perle, qui est plus complexe qu'on veut bien le croire. Le professeur Hanni a développé une technique de section des perles. Les photographies de ces coupes dévoilent que l'intérieur et l'extérieur diffèrent bien souvent. L'intérieur d'une perle nacrée contient souvent des colonnes de cristaux de calcite et, logée au cœur de la perle, une concentration importante de matière organique.

 

ÉTUDE DU DUBAÏ GEMSTONE LABORATORY

Une récente étude menée par Sutas Singbamroong, gemmologue au Dubai Gemstone Laboratory, sur des perles du Golfe Arabique prises au hasard dans un sac de perles pêchées il y a plus de cinquante ans, a confirmé l'observation des étonnantes coupes du professeur Hânni. Comme une dent cariée qui peut avoir encore une belle allure de l'extérieur, plus de 20% du lot de perles avait un cœur plutôt décomposé.

La partie centrale formée de conchyoline altérée forme une poche remplie de matière organique noire. De là partent des cristaux aciculaires de calcite, et enfin viennent les couches d'aragonite qui donnent cohérence à cet ensemble hétérogène, apportant la note « nacrée » si recherchée.

Beaucoup de ces perles, en raison de leur hétérogénéité et de la ligne de fragilité que représentent les joints entre les colonnes de calcite, sont craquelées, voire cassées en morceaux. En fait, dans les perles, il y a des différences de qualité qui font que, pour la même espèce de coquillage, dans la même région et pour une durée analogue de formation, certaines perles vaudront une fortune, tandis que d'autres seront littéralement à jeter. Il semble que la variation de la structure interne et la cohésion de la perle dépendent de l'âge et de la qualité des cellules épithéliales.

Leur « programmation génétique » évoluerait avec le vieillissement, commençant d'abord à produire de la conchyoline, puis de la calcite et enfin de l'aragonite. D'autres explications sont encore avancées. Elles sont sujettes à débat et sont au cœur de recherches actuelles.

Les perles porcelainées présentent au contraire une grande cohésion. Elles sont faites de cristaux prismatiques d'aragonite, du cœur à la surface. Cela donne à ces perles une grande dureté et solidité, en particulier dans le cas des perles de lambi (Strombus gigas), des perles de Melo et des perles de tridacne. Les prismes d'aragonite s'organisent en sorte de fagots diversement orientés, ce qui les rend très solidaires les uns des autres.